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Née en 1984. Vit et travaille à Lille.

Born in 1984. Lives and works in Lille, France

Le travail que je développe est traversé par les notions d’histoire, de mémoire, de déplacement et d’exil. Par une approche documentaire, je questionne les identités plurielles relatives aux territoires, la façon dont les communautés interagissent avec leur environnement et les héritages mémoriels, culturels, familiaux, linguistiques encore présents. 

Au coeur du processus de création, et selon une méthode de travail formelle et rigoureuse, j’invente des dispositifs autour du déplacement et de la pérégrination. Les règles que je m’impose constituent des prétextes à la rencontre, dont l’appareil photographique sert de passeport. Par l’écoute attentive, j’instaure une relation de confiance avec mes interlocuteurs, dont je n’hésite pas à apprendre la langue. L’objectif isole le regard de l’autre, sa particularité, sa singularité, son originalité, quand l’enregistrement des entretiens relève de l’invisible, du hors-champ. Ce qui m’anime, c’est de faire dialoguer les images avec les récits que je recueille.

Donner la parole, comme un geste porté par la nécessité de comprendre et de dire. D’abord à des inconnus dans la rue en France. Puis en Espagne où, étrangère, je découvre le grand nombre d’immigré(e)s latino-américain(e)s, et prend alors conscience que ma propre extranéité peut nourrir ma relation avec d’autres étrangers. Se reconnaissant peut-être en partie dans mon regard, ces étrangers se confient. Je poursuis mon travail au Mali puis au Sénégal, pays qui voient chaque année des milliers de personnes « partir à l’aventure ».

Mon approche est souvent multiple – installations, photographies, enregistrements sonores, livres, vidéos et parfois documents d’archives, combinés selon des formes variées – dans une volonté de construire des récits auxquels j’associe l’autre en tant qu’acteur de ma démarche, afin de lui donner une voix et de mettre en oeuvre les moyens de la transmettre. Les histoires personnelles et intimes que je recueille se rapprochent alors de l’histoire collective, du patrimoine vivant et oral que je tente de contribuer à sauvegarder. Dans mes installations, j’interprète le réel qui oscille entre rêve et réalité, mythe et désillusion, fantasme et vérité. 

Ma quête m’a amenée de la France vers le Mali pour comprendre l’histoire de la reconstruction familiale entre un jeune homme exilé et sa famille restée au pays (Famille Gassama, 2009) et au Sénégal pour recueillir le récit d’une aventure migratoire vers l’Europe (Barça mba barzakh?, 2009). Mes rencontres se poursuivent au Brésil à la découverte de l’héritage culturel japonais (Liberdade, 2011) ; au Cap-Vert, auprès de la diaspora revenue sur sa terre d’origine (Sôdade, 2014) ; au Bénin, où perdure une identité afro-brésilienne issue de la mémoire de l’esclavage (La porte du retour et Bourian, 2015, 2020). Puis, je me rends aux Canaries, trait d’union entre l’Afrique et l’Europe, pour recueillir la parole d’exilés ouest-africains (Le chant des vagues, 2020). De 2011 à 2020, je réalise un projet au long cours sur des femmes ayant vécu la Seconde Guerre mondiale en France, Allemagne, Italie, Angleterre, Pologne, États-Unis, Russie et Japon, que j’appelle à se souvenir (Rappelle-toi Barbara) et documente, par la suite, l’histoire de femmes ayant subi des violences (La face cachée de la lune, 2022). Invitée en résidence, j’interroge la diversité culturelle, sociale et linguistique des familles péruviennes (Ari quepay, 2017) et les incertitudes et la vulnérabilité de la jeunesse issue du Bassin minier du nord de la France (Le pays noir et Retour sur le pays noir, 2012, 2022). 

With the posture of an anthropologist and the means of her art – installation, photography, video and sound recording, Maureen Ragoucy builds her work around the encounters she provokes. She takes a sober and sensitive look at the question of man’s link between his community of origin and that of adoption, of the relationship between the singular and the universal. Linking the notion of exile to that of identity, questions of family, transmission, intimacy and memory are revealed in new ways.

At the heart of the creative process and according to a predefined working method, Maureen Ragoucy invents devices around movement, peregrination and the rules she sets for herself are pretexts for meeting new individuals. First with strangers in the streets in France and then in Spain, where as a foreigner, she meets much more foreign than herself, the large number of Latin American immigrants unexpectedly echoes her work. Perhaps partly recognizing themselves in her foreign gaze, these strangers confide. She continued her work in Mali and then in Senegal, countries which see thousands of people every year «go on an adventure».

She does not hesitate to travel, to get closer to the individuals she questions and to better understand the relationship, to learn their language. Her encounters will take her to Brazil to discover Japanese cultural heritage; in Cape Verde, with the diaspora who have returned to their homeland; in Benin, she identifies the Agoudas and the remnants of the Afro-Brazilian community; in Peru, she questions the cultural, social and linguistic diversity of families. In 2011, the artist initiated a long-term project on women who lived through World War II, which she calls to remember.

Her camera serves as a passport to meeting strangers. By systematically placing herself on the same footing as her interlocutors, her documentary approach is frontal, direct, realistic and respectful. What interests her above all is to make her images interact with the stories of her subjects, to collect their words. Her objective isolates her subject to reveal its particularity, its singularity, its originality; her interviews reveal the invisible, the unspeakable. However, the dramatic aspect of personal stories that emerges from the various encounters never outweighs the lightness and simplicity of the contacts she weaves.

What motivates Maureen Ragoucy is the need to understand and to speak up. The personal and intimate stories that she collects then enter the field of collective history, of the living and oral heritage that she safeguards. In her installations, Maureen Ragoucy documents the real which oscillates between dream and reality, myth and disillusion, fantasy and truth.

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