La série photographique a été menée lors d’une résidence photographique à Liévin, dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, auprès d’un jeune public : des enfants de sept et huit ans d’une classe de primaire. Pendant trois mois, je m’y suis rendue une fois par semaine. Je leur ai demandé de choisir un lieu qu’ils ne voulaient pas voir disparaître, puis de m’y emmener et les ai photographié in situ.
Territoire intimement lié l’exploitation minière intensive qui a duré plus de deux siècles, le bassin minier a ses caractéristiques propres, tant au niveau paysager, architectural qu’humain. La région a attiré des flux de travailleurs de différents pays, Belges et Algériens avant la première Guerre Mondiale, Polonais dans l’entre-deux guerres, Italiens à la Libération et Marocains jusqu’à la fin de l’exploitation minière.
Ces vingt-cinq enfants sont alors devenus des témoins vivants et des empreintes inconscientes des héritages historiques, sociaux, culturels et migratoires du territoire dans lequel ils ont grandi. Les portraits révèlent des enfants plus ou moins timides ou affirmés, des corps maladroits, fragiles ou solides. J’ai compris à travers leurs regards et le lieu qu’ils avaient choisi que la ville existait au-delà de son architecture et de son histoire et que les enfants dévoilaient leur intimité et transmettaient leurs propres préoccupations.
A primary school class in Liévin (France).
The city has a history uniquely linked with mining exploitation. It is initially requested that each pupil writes down the name of a place within the city that they would like to see maintained and preserved. An invitation to explore the difference in viewpoint between adult and child, and in particular, the paradox between the image that one creates of a place loaded with memory, and the reality of the children’s choices. We understand then that the city continues to exist beyond the parameters of its architecture and history; that the children reveal their innermost thoughts and share with us their own concerns.